


CIAO COCO !
Il est des voyages que l’on ne fait qu’à deux, haut très haut, loin si loin, et peu importe l’âge ; Des saisons qui n’ont même pas de nom, des danses statufiées qui vous clouent les deux pieds.
Il est des lumières que nul ne perçoit, des couleurs insensées et pourtant familières ; Des sons oncques ouïs qui fouissent nos pavillons et nous font dire…. Non !
Il est des essences bruyamment inspirées qui flottent en nos chants et tapissent nos moires ; Des mets si saouleyants qu’ils libèrent nos pleurs, ravissent nos humeurs, font fuir nos mémoires.
Il est des désirs qui creusent, ravagent et qui, jamais accomplis, sillonnent les visages ; Des rires qui grimacent au petit jour, des jouir qui s’effacent quand est passé le tour.
Il est des révoltes qui pèsent une tonne de plomb et vous déchirent les mains, et vous déchirent le cœur ; Des tendresses qui se sont tant noyées qu’elles ne tiennent plus debout, se passent la corde au cou.
Il est des pacifistes à jamais inconnus qui, un soir, tirent leur irrévérence, seuls et nus.
Oui ! Mais il reste les maux expulsés à tue-tête, comme autant de fanaux aux bras du fier poète,
Demeureront les mots, couteaux gueulés à blanc, ultime protection quand vraiment tout fout le camp,
Vivront les Joséphine et Séraphin, les Bilou, Gagarine et la belle Fantine,
Dureront les chansons ciselées, comme il disait, dans du papier sandviche,
Et des stances sculptées qui donnent à espérer, d’une voix pierreuse exhortant à aimer.
Il est des voyages que l’on ne fait qu’à deux et je suis seule ce soir, malgré tous vos bons yeux.
Nadine Rey
Extrait du livre "Art-thérapeute en écriture, tout un poème"