


LA PAROLE EST DONNEE...
Nous parlons de plus en plus de maladies psychiques. Mais dans quel cas ? Quand un fait minoritaire a lieu, les médias s’emparent de ce fait divers pour que nous entendions « un dangereux forcené s’est échappé d’un asile après avoir … ». Mais qu’est ce que nous apprend réellement cette information ? En contrepartie, les associations tentent des actions d’information et de sensibilisation en décrivant les maladies du type bi-polarité, schizophrénie…
Une parole est peu entendue, et pourtant riche d’enseignement. C’est celle des parents d’enfants malades psychiques. Etant donné que les symptômes de ces maladies commencent majoritairement à se rendre visibles à l’adolescence, avec toutes les caractéristiques de la crise d’adolescence, vous aurez compris qu’ici, quand nous disons enfants, il s’agit d’adultes.
Il a été proposé aux participants d’un groupe de parole de l’UNAFAM animé en art-thérapie de mettre par écrit leurs mots, et de les faire entendre au monde.
Ces mots là parlent du quotidien et de ses réalités, comment ils perçoivent la réalité du monde au travers des yeux de leur enfant malade, comment ils se rebiffent contre leur enfant « incapable » d’avoir une vie normale, comment il leur est impossible de se battre contre la maladie ou pour accompagner leur enfant tant qu’ils n’ont pas un diagnostic, leur solitude quand dans une soirée des amis leur demande « alors ton fils, il fait quoi ? », leur isolement aussi, par conséquence. Nous entendrons leur culpabilité et cette question qui revient sans cesse « Qu’est ce que j’ai mal fait ? ». Et puis, toute cette impuissance devant la douleur psychique, cette torture souvent, pour leur enfant, et pour eux. Leur vie est remplie d’une violence subtile, causée par l’ignorance des autres, ceux qui savent et jugent sans savoir, et qui donnent des conseils. Une violence crue, quand la souffrance de leur enfant se manifeste lors de crises et qu’ils doivent appeler le Samu en pleine nuit et faire interner de force leur enfant, une violence qui prend au ventre quand ils sont témoins des tourmentes obsessionnelles soit en entendant un délire paranoïaque, soit en tombant sur des écrits de leur enfant ou encore en remarquant le matin une toile peinte la nuit. Une violence sourde quand le malade ne laisse pas ses parents l’accompagner, qu’il est dans le déni de sa maladie et qu’il renie également ses parents. Une violence pure, quand ils doivent aussi, faire le deuil de l’adulte qu’ils avaient rêvé depuis tant d’années en élevant leur petit. Et puis l’angoisse. Quelles prises en charge possibles pour mon garçon, ma fille, parce qu’il ne peut travailler, et où ? Pendant combien de temps ? Toute sa vie ? Et après nous ?
Nous proposons donc, afin que cette parole soit livrée au monde, dans un but art-thérapeutique mais aussi dans un acte militant, de publier chaque mois les mots, de ces parents d’enfant adultes malades psychiques. Dès le mois prochain, ces témoignages viendront nous impressionner, nous toucher, nous questionner.
Bonnes prochaines lectures donc !
Mylène BERGER