TERREAU D'HIVER
Du plus profond de janvier
Je suis la terre de la Terre
Aux vibrantes entrailles de mère
Dans l’obscur de son habité.
Lieu de cordons de placentas
Mes rhizomes enfouis frémissent
Sous le frottement se plissent
Entre mutisme et fracas.
Je suis l’intuition de l’origine
Caverne sombre des pulsions
Aux lames sourdes en tension
Qui secouent les racines.
Mon dragon repose c’est l’hiver.
Aussi. Tapie j’en appelle aux gobelins
Vieux gnomes et jeunes lutins
Pour vaincre Gagache La Mégère,
Celle qui ricane dans le froid
Qui de ses griffes de glace
Les graines rêveuses menace.
En vain. Le perce-neige, l’ellébore et le mimosa
Exploseront les bornes du silence
De leurs parfums exubérants
Transperceront les ténèbres du temps
Expulseront leurs pousses en transe.
Alors. Aux soleils levants encore je verrai
Les femmes entre deux solstices
Cueillir ces herbes qui guérissent.
Au coeur l’espoir de l’été.
Nicole DERDA