Je vous invite à prendre connaissance de l’article intitulé « Art-thérapie, musicothérapie et démences, soigner par l’art est-il possible ? » rédigé par le Dr Florence Bonté, médecin gériatre en charge de l’hôpital de jour de réadaptation « Mémoire et Fragilités » du Centre Paris Sud.
Au-delà du fait qu’il soit un beau témoignage qui nous invite à continuer, en tant qu’art-thérapeute, à pousser les portes des institutions, il éclaire aussi un besoin de créer des ponts entre l’art-thérapie et le paradigme scientifique des sciences dites dures. Même si ce sujet n’est pas l’essence de notre travail d’accompagnement au quotidien, il est néanmoins crucial pour communiquer avec le corps médical auquel nous pouvons nous adresser. Il nous contraint par ailleurs à réinterroger les fondements théoriques et conceptuels de cette pratique, ce qui ne peut que l’enrichir.
Nombreux sont ceux qui déjà tentent de faire communiquer les deux paradigmes, sciences et sciences humaines. Il en est ainsi de Bruno Fassillard et de l’Association Sciences humaines et Santé, pour qui l’opposition ancestrale entre « recours aux mots et recours aux nombres » peut être dépassée. Je pense également à « l’Ecole de Lyon » qui travaille sur des grilles/repères de type évaluation, qui permettent de respecter les spécificités, notamment la subjectivité, des sciences humaines parmi lesquelles l’art-thérapie ; voire les propositions d’Anne Brun dans le Manuel des médiations thérapeutiques (BRUN, CHOUVIER, ROUSSILLON, 2013).
Les neurosciences viennent donc répondre à leur manière à ce besoin de « preuve objective ». En tant que clinicien on peut déplorer que les recherches portent davantage sur l’art que sur la rencontre de l’art et de la clinique, ce qui nous intéresse en premier lieu en art-thérapie.
Cette recherche de conjointure entre objectivité et subjectivité est un sujet qui peut être passionnant. Il est en pleine construction. Pour les art-thérapeutes, participer à cette recherche, c’est aussi questionner différemment, de la supervision par exemple, notre travail. Enfin, cela peut être une manière de communiquer, d’échanger et de nous relier avec les professionnels du champ médical et paramédical.
Alors, bonne lecture !
Audrey ERPELDING
