Le Mouvement d'Art-Thérapeutes Logo horizontal

Documentation

le mat articles

FRIDA KHALO DE RAUDA JAMIS

FRIDA KHALO DE RAUDA JAMIS

Editions Actes Sud

« Mon corps est un marasme. Et je ne peux plus en réchapper. Tel l’animal sentant sa mort, je sens la mienne prendre place dans ma vie et tellement fort qu’elle m’ôte toute possibilité de combattre…
…Peindre, peindre, tout cela à présent est hors de portée…
…Oh, dona Magdalena Carmen Frida Khalo de Rivera, Sa Majesté la boiteuse , quarant sept ans dans ce plein été mexicain, usée jusqu’à la corde, la douleur terrasante comme jamais, vous voilà bien dans l’irréparable ! Vieux Mictlantecuhtli (dieu aztèque de la mort), dieu, délivre-moi. » (p11)

Magdalena Frida Carmen naît en 1907 à Coyoacàn, au sud de Mexico, d’un père allemand et d’une mère espagnole, mexicano-indienne. A 8ans, un médecin diagnostique la polyomélite. Après plusieurs mois d’alitement, elle en ressort un pied légèrement atrophié, une jambe plus maigre et plus courte que l’autre, des bottes orthopédiques. Elle est le sujet de railleries à cause de sa démarche boiteuse.
Son père tente de l’apaiser : « Tu as tellement d’autres ressources.»
Adolescente, elle entre à l’école préparatoire nationale considérée comme le meilleur établissement scolaire du Mexique. En 1925, le bus qui la ramène de l’école est percuté par un train. Elle est très grièvement blessée. Elle sera clouée au lit de nombreux mois et devra porter des corsets toute sa vie.
Un jour, sa mère décide de lui aménager un lit à baldaquin avec un miroir accroché au plafond du lit. Quand Frida voit son visage dans le miroir, elle est effrayée. Aucune échappatoire possible. Bourreau de ses jours et de ses nuits, soudain là sous ce miroir oppressant, l’envie devient impérieuse de dessiner. Le modèle, ce sera elle. Son père lui rapporte des tubes de peinture, la couleur est une réelle découverte, une joie, son monde s’éclaire. C’est une révélation. Elle a 19 ans.
En 1928, à peu près rétablie, elle rencontre Diego Riveira, artiste reconnu, peintre de fresques murales à la gloire de la révolution. Il a 20 ans de plus qu’elle. Elle admire sa peinture et décide de lui demander son avis sur ses propres travaux. Ils deviennent amis.
L’année suivante, ils se marient. Ce sera un mariage tulmutueux, tourmenté.
Frida travaillera autant que son corps souffrant le lui permet.
« Il y a du sang dans ma peinture, il y a la mort, il y a moi, femme blessée ? Oui. »
En 1950, son état de santé se dégrade, Diego, l’absent, disparaît, ne pouvant disait-il supporter la souffrance de sa femme. En 1954, ele est amputée d’une jambe et le 13 juillet de cette même année, on trouva Frida morte dans son lit d’une embolie pulmonaire. Dans son journal, elle avait écrit : « J’espère que la sortie sera joyeuse et j’espère ne jamais revenir. »

Cette femme a une force de vie, un rayonnement peu commun. De corsets en corsets qu’elle a portés pratiquement toute sa vie, elle continue de peindre, d’exprimer, d’exorciser, sa souffrance, sa violence. Elle l’écrit :

« La force de ce qu’on n’exprime pas est implosive, ravageante, autodestructrice. Exprimer, c’est commencer à se libérer. »

A son époque, elle ose se montrer telle qu’elle est, s’affirme, lutte. Cette femme, d’une grande intelligence est appréciée pour sa gentillesse et son humour. Elle a beaucoup d’humanité, partage des rencontres. Que ce soit André Breton à Paris ou Trotski exilé au Mexique, elle est curieuse, s’intéresse aux autres malgré son corps qui la torture. Son mari dira qu’elle était dotée d’une force vitale, d’une sensibilité et d’une finesse particulière.

Une exposition a lieu au musée de l’Orangerie à Paris : « L’art en fusion. » du 9 octobre 2013 au 13 janvier 2014.

Noëlle Mesureur

Arrière plan jaune
Arrière plan bleu