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Édito mars 2018 : Du courage

Édito mars 2018 : Du courage

L’actualité m’interpelle, et j’en saisis la teneur pour m’interroger avec vous sur la notion de courage. De quoi parle-t-on lorsque l’on évoque le courage? Un acte héroïque au service de la vie est-il sacrificiel ? Qui sont les courageux d’aujourd’hui ?

Nous constatons que des passages à l’acte pulsifs ou à visée sacrificielle peuvent être qualifiés de courageux par leur groupe d’appartenance. Des adeptes fanatisés sont alors proposés comme figures de héros, leurs actes méritant prétendument récompense dans un monde au-delà des vivants. Peut-on parler de courage dans cette situation ou s’agit-il de tout autre chose ?

Dans l’acte courageux, ni la haine ni le sacrifice ne sont les moteurs de l’action. Nous sommes alors en pleine conscience et prenons un risque, considéré comme devant être pris « à fin de… ». Afin de maintenir des liens avec ce qui fait sens et avec l’avenir, dans l’espérance du surgissement d’un monde nouveau et dans l’instant à saisir ou kaïros. Ce projet n’est ni mortifère ni expiatoire, il s’inscrit dans la défense de valeurs auxquelles nous tenons pour demain (souvent la défense ou la protection des vivants) et qui est menacé par la situation présente.

L’acte courageux nous arrache à notre tranquillité. Dans son rapport avec la verticalité, c’est un double mouvement d’élévation et d’ancrage, ce par quoi il nous crée en tant qu’existant. Comme l’évoque Henri Saigre dans son livre Survivre : « Il n’y a de héros que dans la confrontation au destin. Une confrontation qui met sa vie en jeu. C’est dans cette rencontre qu’il trouve son identité. »

Nous sommes tous courageux quand nous osons nous exposer par-delà nos peurs pour réclamer, dénoncer, refuser. Lorsque nous affirmons les fondements et les particularités de notre approche de l’art-thérapie, défendons vigoureusement la légitimité et la nécessité de notre place d’accompagnants contre l’objétisation des personnes, nous sommes des héros du quotidien. Car non, les paroles fortes, les actes qui relient au vivant et les engagements audacieux pouvant nous provoquer de la perte sans garantie du gain ne sont pas l’apanage de surhommes !

Toutes nos conquêtes de courage luttent contre la mort et ses sirènes… et ses sirènes.

Nicole Derda

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