En ces temps électoraux où les coups de com, de pub et de pute prévalent sur les pensées, le petit monde de l’art-thérapie n’en est pas épargné. Une école brandit sa publicité tapageuse en se proclamant seule officiellement reconnue, alors qu’elle n’offre aucune garantie ni avantage dans la réalité de l’exercice professionnel sinon la valeur de son propre label privé, à l’instar de toute école d’art-thérapeutes. Ce ne serait que de la publicité en forme de nez de Pinocchio si elle ne prétendait au monopole, empêchant ses stagiaires de travailler sous la direction d’art-thérapeutes formés par d’autres écoles. Ce contre quoi s’est justement insurgée la Fédération française des art-thérapeutes (FFAT) qui regroupe les principaux courants de cette discipline..

Anecdote futile me direz-vous et vous aurez raison. Mais n’est-elle pas signifiante d’une pollution mentale largement répandue et qui pourrait nous guetter tous ?

Chacun de nous est en effet passé par une période narcissique où prévalait un fantasme de toute-puissance dans le déni de l’altérité, dont il reste toujours des traces. Celles-ci s’expriment aisément sous le paravent d’un ego collectif institutionnel.

Face à cette dérive répandue partout, l’idéologie laïque quand elle n’est pas polluée par les mêmes fantasmes, oppose l’idée que chacun a droit à ses propres croyances (y compris celle de croire que nous sommes les meilleurs en art-thérapie) à condition de respecter les croyances des autres. On s’aperçoit alors que les différences acceptées nous enrichissent au lieu de nous menacer. Elles seules permettent de sortir du narcissisme pour entrer dans l’altérité, s’inscrivant ainsi dans le devenir vivant de sujets en relation.

L’art-thérapie par nature ne peut donc se figer dans des protocoles officiels, des groupes dominants et des reconnaissances réglementées, puisqu’il s’agit de se laisser toujours surprendre par une création sans cesse renouvelée qui est le propre de la vie.

Yves Lefebvre