La rentrée des classes, vous en souvenez-vous, sentait bon le livre neuf et la table propre. Des camarades restaient, vers lesquels nous nous rapprochions pour garder du familier rassurant, tandis que d’autres inconnus se faisaient promesses d’amitiés futures, d’indifférences ou d’inimitiés peut-être, tous ces possibles attirants et inquiétants tout à la fois.

Nous écrivions avec un tel soin la première page des cahiers, frémissant devant tant de futurs apprentissages et d’expériences nouvelles. Nous étions là où c’était hier la place des grands, et voilà, c’était maintenant nous les grands ! Pas si grands puisqu’au-dessus d’autres plus grands entraient dans les classes de notre lointain futur tandis qu’en dessous venaient les petits que nous étions juste avant les vacances… Fiertés, craintes, vertiges ou émois devant tant de possibles nouveautés, ah, comme elle était vivante la rentrée des classes ! En voyons-nous encore les traces dans nos vies chaque septembre, si nous n’avons pas perdu nos facultés d’émerveillement ?

Ainsi la vie s’écoule, elle change et nous change sans cesse, la politique, le monde, le MAT aussi, tout ! Alors très bonne rentrée toute pleine de promesses créatives.

Yves Lefebvre