Il vous est proposé de faire la connaissance d’Anne-Laure Letondoz, qui exerce en temps qu’art-thérapeute, pratiquant également la psychothérapie relationnelle et accompagnante en art transformationnel.
Anne-Laure, telle que je la perçois après notre entretien, donne à voir une frimousse un peu enfantine rehaussée d’un regard, d’une fenêtre devrais-je dire, sur un monde mature, posé, assuré. De l’adulte et de l’enfant en même temps. Et puis sa voix, un tantinet grave, qui vient habiller son être si féminin. Déjà dans sa manière d’être, Anne-Laure possède des atouts pour sa pratique professionnelle. En effet, l’enfant en elle, si dynamique, qui sait (encore) exister et dont ses groupes, que ce soit dans son atelier d’art-thérapie ou à l’Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique (ITEP) de Saint-Nicolas dans le Territoire de Belfort bénéficient pleinement. Mais ils bénéficient aussi et bien sûr de l’adulte ancrée en elle, de sa maturité professionnelle, de sa bienveillance naturelle qui lui est souvent renvoyée, de sa délicatesse dans la distance toute mesurée et spontanée en même temps, qu’elle a avec ses patients, petits ou grands. Pas trop près, pas trop loin… Cette voix aussi, sa voix qui enrobe, qui habille les mots, qui se pose autour de l’émotion…
Voilà l’enveloppe de cette thérapeute. Ce qui se donne à voir ou à percevoir aussitôt.
Anne-Laure a récemment mis au monde son nouvel univers de travail : un local flambant d’énergie après 9 mois de travaux ! Par nature, ce lieu est souhaité chaleureux et il invite tout de suite à l’élévation avec un escalier de bois qui mène à un espace ouvert, très éclairé, avec un horizon sur la nature, des outils à dispositions aussi, qui laissent à penser que de sa mallette d’art-thérapeute sortent les arts plastiques : le modelage, la peinture, le bricolage, les masques…
Et puis, plus intime, un espace est réservé pour les entretiens en « face à face » comme elle dit. Bref, un lieu chargé de 21 grammes d’âme supplémentaire qui viennent ajouter à l’aura de cette ancienne grange. C’est ici qu’Anne-Laure mouille sa chemise. C’est ici qu’elle est en présence de l’intime, qu’elle pose son regard sur les mouvements, les accompagne. Son atelier d’art-thérapie, son cabinet de psychothérapie portent bien son nom : « L’art et Création ». Si on devait y imaginer une couleur sans avoir jamais vu cet atelier, juste en connaissant un peu Anne-Laure, ce serait tout de suite la couleur orange qui nous viendrait, par ce qu’elle évoque de chaleur, de joyeux, de vivant. Du coup, je ne sais plus vraiment si je vous décris Anne-Laure ou son local… Mais les deux ne font sans doute qu’un dans la création.
En plus de sa pratique quotidienne, auprès des enfants, des adolescents ou des adultes, pour ce qui concerne son local, ou en institution auprès d’enfants ayant des troubles du comportement, Anne-Laure propose des groupes de parole autour du thème de la parentalité, des ateliers de création libre, des week-ends où la peinture est mise à l’honneur comme moyen d’expression et de transformation et des ateliers d’éveil créatifs pour enfants, clos par un évènement festif, exposition, goûter partagé…
En me décrivant ses ateliers, Anne-Laure se souvient comment l’art-thérapie est venue la toucher dans son être et s’y tatouer profondément après l’accompagnement d’une enfant qui, dérangée par la consigne du travail proposé, a pu dire après un tour de table en fin d’atelier: « j’ai fait du beau avec ce qui ne me plaisait pas ! ». Un accompagnement effectué dans l’attention, jusque dans la sensation, a rendu la transformation possible. Anne-Laure décrit l’accompagnement d’une personne d’une très jolie façon : « Je ne connais pas son chemin, j’ai juste une main sur son épaule et un pas en avant. »
C’est là qu’Anne-Laure est heureuse aussi, d’être accompagnante du processus de vie. Alors elle garde trace de tout, fais des photos des créations, d’actes créateurs en oeuvres accumulées, s’ouvre un livre d’histoire qui éclaire sur la transformation. Voilà l’art transformationnel ! Et chez Anne-Laure, fière de sa formation qui l’a aidée à intégrer sa posture d’être et de thérapeute, le regard sur le processus de vie, sur ce qui est en mouvement, est fondamental. C’est ce qui signe également son engagement au Mouvement d’Art-thérapeutes. Car il s’est fait naturellement et dans cet espace-là, dans ce mouvement-là, ce fameux mot qui reviens souvent dans son verbe, elle se sent elle même « en marche avec » et respectée dans sa singularité. Le Mat lui a appris à unir l’artiste et la thérapeute qui sont en elle et qui aujourd’hui travaillent main dans la main.
Mylène BERGER
